La messe sera dite sans nous
La pandémie de COVID entrainant tout un tas de passe-droits dont le groupe La Poste use et abuse, c'est désormais le recours au travail dominical que notre employeur veut utiliser pour écouler la grosse charge de colis attendue en fin d'année.
Avec 4 millions de colis par jour attendus au sommet de la période de pointe (contre 3 millions en 2019), La Poste continue d'innover dans les méthodes de travail rocambolesques, et c'est selon elle comme d'habitude pour améliorer les conditions de travail de ses employé-e-s. Elle envisage donc de recourir ponctuellement au travail du dimanche et sur la base du volontariat sur l'établissement Grand Grenoble.
Du volontariat à la banalisation
On se doute qu'elle n'aura pas de mal à trouver des volontaires avides de beurre dans les épinards puisqu'elle leur octroiera double rémunération et jours de repos supplémentaires. Ce qui n'est pas dit dans la chanson, c'est qui va remplacer ces agents sur ces jours de repos. Si l’opération s’avérait économiquement viable, nul doute qu’ils nous feront distribuer tous les dimanches et là il ne sera plus question de chercher des volontaires ! Une fois admise la distribution des colis le dimanche, qu'est-ce qui s'oppose à ce que d'autres produits jugés stratégiques par nos patrons justifient à leurs yeux le travail dominical : téléphonie, services bancaires, nouveaux services que La Poste veut imposer à la distribution ? La Poste a toujours une notion du service public à géométrie variable, surtout pour le sortir du chapeau quand cela l’arrange.
Le service public a bon dos
Après s'être vanté d'embaucher 9000 postiers sans en détailler le statut des plus précaire, notre président de groupe aura de quoi alimenter le plan de com de La Poste et faire quelques jolies images de postier-es au boulot le dimanche ! Drôle de discours de nos dirigeants qui mettent à mal le service public tous les jours en fermant des PIC ou en réduisant leurs horaires, en voulant faire disparaître le J+1, en laissant des centaines de tournées à découvert quotidiennement, en transformant plus de 5 000 bureaux de Poste en agences postales à la charge des communes. Ceci au prix de 90 000 départs non remplacés en 10 ans, sans qu’aucun patron n’y perde sa chemise. Que La Poste se préoccupe déjà de rendre un service public postal de qualité répondant aux besoins de toutes les populations avant de se préoccuper de la livraison de colis le dimanche ! Et cela passe par une politique du plein emploi et la fin de la précarité.
Et le Coronavirus à les épaules solides
Le travail du dimanche étant actuellement plébiscité par les petits commerçants qui ont dû fermer leur porte pendant le confinement, cet usage devient de plus en plus acceptée par la conscience collective. Après une première tentative pour nous faire travailler le 20 décembre 2015, la crise sanitaire est désormais l'occasion idéale pour réaliser les rêves les plus fous de nos dirigeants. Le code du travail permettant ce genre d'organisation, La Poste avait déjà anticipé cette opportunité puisqu'un BRH datant du 17 mai 2017 clarifiait le "fonctionnement des services lors des jours fériés et dispositions relatives au travail dominical".